Description
Icône: Vierge à trois mains entourée d'anges gardiens à gauche et Sainte Catherine à droite, Russie, XVIIIe.
Dimensions : H. 17.2x15.5x1.7 cm
Une icône proche de celle-ci a été publiée dans Ikonen-Museum der Stadt Frankfurt A.M. : K.-R. Alhaus, G. Koch, R. Zacharuk, Ikonen aus der Sammlung Dr. Jörgen Schmidt-Voigt, Frankfurt am Main, 278-279, N° 137.
Conservation : Bonne
Provenance : Collection suisse
Références
La Vierge à trois mains LOT 104
Selon la légende, l'iconographie de la Vierge à trois mains est étroitement liée à l'iconoclasme et à l'un des plus grands défenseurs des images, Saint Jean Damascène (probablement 675 – entre 749 et 754). Sa Vie composée par Jean VIII Chrysostomitès, patriarche de Jérusalem, le décrit comme un homme très cultivé, qui était né à Damas et avait un poste très élevé dans l'administration du caliphat (The Oxford, 1991). Il fut dénoncé par l'empereur Léon l'Isaurien (vers 680 - 741) pour avoir écrit un traité justifiant l'existence des images. Pour le punir le caliphe ordonna que l'on lui coupe la main droite. Mais la Vierge récompensant les prières ardentes de son fidèle, lui recolla la main amputée. Pour remercier la Mère de Dieu, le saint a offert à son icône une main en argent, ainsi la présence de cette troisième main sur l'image n'est autre chose qu'un ex-voto. A la suite de cette histoire Saint Jean Damascène se retire dans le monastère de Saint-Sabbas et devient moine.
A la fin du XIIe siècle Saint Sava de Serbie fonde, au Mont Athos, le monastère de Hilandar ou il apporte et dépose l'icône de la Vierge de Saint-Sabbas. L'icône y devient objet d'une grande vénération. (Mirkovic, 1974).
L'icône conservée actuellement au monastère de Hilandar est du 14e siècle, du type Hodigitria au revers de laquelle figure saint Nicolas. Il s'agit donc d'une icône processionnelle, double face. Les deux représentations datent de la même époque est sont l'oeuvre du même peintre. La troisième main, exécutée en métal est rajoutée sur le revêtement en argent et or qui recouvre toute la surface de la Vierge, excepté son visage et ses mains. On peut supposer que l'icône apportée du monastère Saint-Sabbas a été remplacée par l'actuelle. Cette dernière a, de toute évidence, fait office de modèle pour la formule iconographique de la Vierge à trois main ou la troisième main fut peinte plus tard, et conçue comme faisant partie intégrante de l'image (Bogdanivic, Djuric, Medakovic, 1978). Même si au XIVe siècle une église de Skopje fut consacrée à la Vierge à trois mains, l'iconographie ne se propage que tardivement et probablement pas avant le XVIIe siècle (M.Lazovic, K.Platchkov, 1997).
Dans la foi populaire cette icône est conçue comme guérisseuse des mains et des pieds, des troubles psychiques, mais aussi elle protège des incendies.
Littérature :
The Oxford Dictionary of Byzantium, New York, Oxford, 1991, vol.II, p. 1063
L. Mirkovic, Ikonografske studije, Novi Sad, 1974, p. 233-235, ill. 55-57
D. Bogdanovic, V. Djuric, D. Medakovic, Hilendar, Belgrade, 1978, p. 112, ill. 93
M. Lazovic, K. Platchkov, Les icônes russes, in Lumières de l'Orient Chrétien. Icônes de la collection Abou Adal, Genève, 1997