Description
Polyptyque en laiton et émaux en champlevé polychromes, représentation des grandes fêtes de l’Eglise orthodoxe . Premier panneau : la Crucifixion, l’Annonciation, la Nativité, la Naissance de la Vierge, la Présentation de la Vierge au temple. Deuxième panneau : la Trinité du Nouveau Testament, la Présentation du Christ au temple, le Baptême du Christ, la Transfiguration, l’Entrée à Jérusalem. Troisième panneau : L’Exaltation de la Croix, la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, la Dormition de la Vierge. Quatrième panneau : Synaxe de la Vierge et célébration de quatre icônes de la Vierge. Russie, XIXe.
Dimensions : H. 17.9x41 cm
Conservation : Très bonne
Provenance : Collection suisse.
Références
L'Annonciation LOT 95, 106, 119
L'Annonciation, c'est l'annonce faite à la Vierge par l'archange Gabriel qu'elle sera la mère du Fils de Dieu. Plusieurs textes canoniques reflètent cet évènement de manière plus ou moins symbolique. Des visions prophétiques se suivent (cf. Genèse, 20, 12-13; Proverbes, 8, 22-30 et 9, 1-11; Exode, 3, 1-6) pour finir avec le texte de l'évangéliste Luc, 1, 26-38 qui narre la scène avec plus de détails. Il n'y fait aucune mention d'une activité de Marie au moment où l'ange lui annonce « la bonne nouvelle », on sait simplement qu'elle habite Nazareth et que l'ange « entre ». Les textes apocryphes sont plus explicites. Selon le Protévangile de Jacques, après avoir été confiée à Joseph le charpentier, Marie fut choisie par le conseil des prêtres du temple parmi les nombreuses vierges pour un travail des plus prestigieux, filer le pourpre pour le voile du temple du Seigneur. Quand elle alla au puits pour chercher de l'eau, l'ange lui apparut et lui annonça qu'elle allait concevoir un fils de Dieu (Ecrits, 1997).
Les schémas iconographiques présentent plusieurs variantes. Ils incluent toujours deux personnages : la Vierge et l’archange Gabriel. Représentée de plein pied, Marie est soit en train de filer le pourpre soit en train de puiser de l'eau d'un puits. Plus tard une troisième formule viendra enrichir l'iconographie de l'Annonciation. Elle représente Marie assise ou à genoux devant une table sur laquelle est posée un livre ouvert. Au-dessus d'elle, entouré d'un nuage ou figuré dans un faisceau de lumière, apparaît l'Esprit Saint sous forme d'une colombe. Cette formule iconographique est d'origine occidentale et n'est connue dans le monde orthodoxe qu'à partir du XVIIe siècle.
Nous ne savons pas à quelle date l'église a commencé à célébrer l'annonce faite à Marie ou, comme dit le tropaire qui se rapporte à la fête, « le début de notre salut et la manifestation du mystère éternel ». Il est probable que ce fut avant le Concile d'Ephèse (431) au cours duquel fut défini le dogme de la maternité divine. Les sources littéraires étaient en effet connues depuis longtemps, aussi bien les évangiles canoniques que les apocryphes qui reflètent l'évènement, tels le Protévangile de Jacques (11, 1-2) et celui de Pseudo Matthieu, 9, 1-2 existaient déjà au IIIe siècle.
Dès le Ve siècle, l'Annonciation fut célébrée dans les différentes églises d'Orient et d'Occident à des dates différentes. Les raisons de ces divergences sont à chercher dans les spéculations théologiques de l'époque qui ne s'appuyaient pas sur les mêmes arguments.
A Byzance les difficultés d'ordre théologique furent résolues par le Concile de Quinisexte (in Trullo) qui a eu lieu en 692. Il autorisa la célébration de l'Annonciation pendant le Grand Carême et même lorsqu'elle tombe un Vendredi saint ou un Dimanche de Pâques. Depuis, cette fête est célébrée le 25 mars aussi bien en Orient qu'en Occident. Elle porte le nom d' « Evangelismos » en grec et « Blagovescenie » en slavon, ce qui veut dire « bonne nouvelle » ou « annonce de la grâce » (M.Vassilaki, 2000).
L'image de l’Annonciation apparaît très tôt dans l'art. Les premiers exemples semblent dater du Ve – VIe siècle. En Russie, la représentation de l’Annonciation arrive de Byzance au XIe siècle (V.I. Antonova,V. I., et Mneva, 1963).
Littérature :
Protévangile de Jacques. Ecrits apocryphes chrétiens, Bibliothèque de la Pléiade, Paris 1997, p. 88
M. Vassilaki, Mother of God, Representations of the Virgin in Byzantine Art, Benaki Museum, Athènes, 2000, p. 269-271, n° 5 et n° 6
V.I. Antonova, V. I., et Mneva, N.E. Katalog Drevnerusskoĭ Zhivopisi XI-nachala XVIII V.v.; Moscou, 1963, t. I.