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Fernand LÉGER (1881-1955), "Maquette Sao Paulo"
Description
Fernand LÉGER (1881-1955), "Maquette Sao Paulo", circa 1952, Gouache sur papier, signé "F.L" en bas à doite.
52 X 33 cm (à vue)
Annoté, titré et certifié au dos par Nadia Léger :
"Gouache originale est une œuvre authentique de Fernand Leger. N. Leger", "Sao Paulo maquette n°G 116"
Un certificat d'authenticité du Comité Fernand Léger sera remis à l'acquéreur
Notre œuvre a été intégrée au catalogue raisonné en ligne et consultable à l'adresse
suivante : www.comiteleger.fr
"Tout a commencé dans le port de Marseille, quand Fernand Léger quitta la France en guerre pour rejoindre les Etats-Unis. Il observe les plongeurs sous-marins (4 ou 5 tout au plus) dans les eaux troubles du port avec leurs membres qui se confondent dans les mouvements de l’eau.
Il tenait là une idée de travail qui l’inspirera longtemps.
Une fois aux US, même sensation à nouveau avec la multitude des baigneurs dans une piscine. Ils étaient cette fois une centaine : A qui la tête, à qui la jambe, à qui ce bras ?!
La première concrétisation importante de cette source d’inspiration fut une grande fresque dans le bureau New Yorkais de Harrison, son ami architecte qui participa à la construction du Rockefeller Center (1940).
D’un point de vue stylistique, « La Joie de vivre » découle des plongeurs. Et donc aussi la grande composition murale pour Sao Paulo dont vous présentez une maquette. Il s’agissait d’un projet de décoration pour un auditorium par Oscar Niemeyer qui n’a finalement pas été construit.
La Joie de vivre (ou Sao Paulo) a aussi fait l’objet, mais dans les années 60, d’une grande et belle tapisserie par les ateliers Pinton dont le carton est très proche de votre gouache ."
Arnaud Colber, Comité Fernand LégerProvenanceCollection privée suisseNotes
Léger a tout d’abord été influencé par l’impressionnisme de Cézanne avant d’émanciper son style à travers le cubisme en 1909 et former avec Picasso et Braque le groupe de la « Section d’or ».
Son expérience du service militaire au front (18 mois) en forêt d’Argonne puis 3 mois à Verdun avant d’être hospitalisé en 1917 à Paris puis à Villepinte lui font découvrir « le peuple français » (1) qui deviendra désormais le sujet de son œuvre : « La famille ouvrière » est celle qui vit et construit les grandes villes du XXe. Le dynamisme de l’espace urbain, vu par Léger à travers la nouvelle architecture hétérogène des villes modernes en construction met en exergue ses dissonances. il parle du chaos pour ce lieu où doivent vivre les hommes qui produisent les objets industriels inanimés (2) et qu’il représente en la ré-ordonnant dans la continuité du cubisme synthétique (la partie pour le tout). Ce chaos lui permet aussi de penser la multiplication des points de vue et d’élaborer une réflexion qui aboutira à une théorie du traitement de la couleur.
Sa réflexion se porte aussi sur l’équation de la séparation entre l’activité artistique et la vie quotidienne (3) représentée dans cette œuvre par les deux pôles « famille » et « instruments de musique ».
Fernand Léger rencontre Le Corbusier en 1920 mais ils n’auront pas la même vision de la couleur en architecture et n’arriveront pas à créer un projet commun bien qu’ils en aient eu fermement l’intention. Alors que l’un subordonne la couleur au service de l’architecture, F. Léger détruit le mur par la couleur, le fait reculer ou avancer, il crée un nouvel espace qui devient une surface vivante (4) : « Un mur bleu clair recule, un mur noir avance, un mur jaune disparaît, Fernand Léger transforme le « rectangle habitable » en un « rectangle élastique » (6). Après l’adhésion en 1920 au groupe des « puristes », ses recherches de plus en plus complexes utilisent la superposition et manipulent les nuances de couleur afin que chaque surface semble prendre vie par rapport à l’axe du regard de manière à créer des relations spatiales équivoques engendrant une ambiguïté dans la perception de sa profondeur, et anticipe par-là l’utilisation de la transparence (5) permettant des positions spatiales différentes. La transparence devient de plus en plus fréquente, car elle permet à l’espace de fluctuer selon un mouvement continu. Ceci se reflète également dans la position des figures transparentes qui ont une signification trompeuse, on peut les voir comme étant les plus proches ou les plus lointaines, selon l’humeur et la vision du regardeur. (5)
(1) Dora Vallier, « La Vie fait l’œuvre de Fernand Léger. Propos recueillis », Cahiers d’Art, Paris,
XXIX, n° 2, 1954, p. 140.
(2) Le type de contraste employé par Léger présente des points communs avec l’« interpénétration »
des peintures futuristes. Pour la relation réciproque entre Léger et le Futurisme, voir Giovanni
Lista, « La poétique du cubo-futurisme chez Fernand Léger », Fernand Léger, Mazzotta, éd.
Milano, 1990, catalogne de l’exposition Fernand Léger, Villeneuve-d’Ascq, 3 mars-17 juin 1990,
p. 29-44. Virginia Spate avance la possibilité que l’œuvre Les Fumeurs soit influencée par la
notion futuriste de la « simultanéité de l’ambiance », et de la fusion de l’intérieur et l’extérieur
dans le même ouvrage : Orphism, The Evolution Non-Figurative Painting, Paris, 1910-1914,
Oxford, Clarendon Press, 1979, p. 252. et Fernand Léger, « Les Réalisations picturales actuelles », Fonctions de la peinture, p. 48.
(3) L’avis de Léger sur la relation entre l’art et le peuple l’a poussé à aborder la peinture murale, et a
également attiré son attention sur les fonctions politiques et les aspects plus « engagés » de la
peinture. Sur cette question, voir Sarah Wilson, « Fernand Léger : Art and politics, 1935-1955 »,
Fernand Léger, The Later Years, London, Whitechapel Art Gallery, 27 novembre 1987-21 février
1988 ; Stuttgart, The Staatsgalerie, 23 mars -19 juin 1988, pp. 55-75.
(4) Fernand Léger, « L’Architecture moderne et la Couleur », Formes et Vie, n° 1, Paris, 1951, p. 25
(« L’Architecture moderne et la couleur ou la création d’un nouvel espace vital», Fonctions de la
peinture, p. 241).
(5) Gyorgy Kepes, Language of Vision, Chicago, Paul Theobald, 1964, p. 77.
(6) Fernand Léger, « Le problème de l’espace mural », XX e siècle, n° 2, numéro spécial Nouvelles
conceptions de l’espace, Paris, janvier 1952, p. 68 (« Nouvelle conception de l’espace », Fonctions
de la peinture, p. 288)