Références
Notes :
Edouard Chapallaz, la passion de la céramique
« Vous avez des livres chez vous ? Et bien, rangez vos céramiques comme des livres, et vivez avec ». C’est ce qu’il répond en 1972, à l’inauguration de son exposition à la Galerie l’Entracte à Lausanne en Suisse, lorsqu’on lui demande comment approcher la céramique.
Edouard Chapallaz, céramiste né en 1921 à Yverdon, était un personnage passionné et modeste. Il commence sa carrière en suivant une formation de tourneur à l’école suisse de céramique de Chavannes-près-Renens. Puis, sa rencontre avec Mario Mescarin (maître de la céramique en Suisse) en 1940 marque un changement dans sa carrière : « Sa culture universelle était sans bornes. Il m’a rendu attentif à l’importante nécessité d’être ouvert à tout* ».
Cette ouverture, il l’exprime à travers ses mains. Ouvertes, sans peur ni crispation, sur la terre qu’il façonne. Il disait du tournage : « J’aime voir naître l’objet de la matière inerte, c’est l’essence même de la création* ».
Les formes, qu’il modèle avec une concentration infinie, sont en constante transformation, permettant, selon lui, « à l’œuvre en cours de laisser entrevoir le rêve * ». Cette concentration, cette pugnacité, cette maîtrise sans faille de la technique, il l’acquiert au cours de sa pratique. Il lui aura fallu des années pour obtenir son premier beau rouge, un « rouge sang de bœuf », si caractéristique de son œuvre. Son goût pour les prouesses techniques, la recherche de ses émaux, où le hasard n’a pas de place, puisque ceux-ci doivent être « équilibrés », car une fois dans le four, plus rien n’est à faire, font de lui un artiste à part entière.
Dans ces tons, le florilège des pièces présenté par DognyAuction offre une vision globale de son travail. Les céramiques (en majeure partie des contenants) présentent parfois une forme de disque, les rendant presque bidimensionnelles, et parfois dévoilent des corps qui s’arrondissent… Des pièces tournées, tournées puis reformées, moulées, ou montées et coupées, forment cet ensemble, jouxtant un très rare service de table, à couverte flambée, dans les tons bleu et rouge.
Edouard Chapallaz, dans une écoute attentive de son matériau, forme petit à petit sa réputation d’artiste, au niveau national puis international. Exposé à l’Ariana en 2015 à l’âge de 94 ans, une année avant sa disparition, au Musée des Arts décoratifs (aujourd’hui le MUDAC) en 1989, il est à plusieurs reprises récompensé. Il avait reçu la médaille d’or au Concours international de céramique d'art de Faenza en Italie en 1966 et obtenu le grand prix des Arts Appliqués en 1988. De renommée internationale, son œuvre ne cesse d’intéresser les collectionneurs, traversant les continents, jusqu’en Asie.
*Propos recueillis lors d’un entretien avec Rosmarie Lippunier, Conservatrice du Musée des arts décoratifs de Lausanne, en 1989. Edouard Chapallaz: une passion: la céramique. Exposition, Musée des arts décoratifs de la Ville de Lausanne, 21 janvier au 5 mars 1989, Lausanne, Musée des arts décoratifs, 1989.