Description
Icône: Saint Jean-Baptiste entouré de scènes christologiques : L'Entrée à Jérusalem, l'Exaltation de la Croix, Naissance de la Vierge, Baptême du Christ, Décollation de Saint Jean-Baptiste, dans les médaillons sont représentés des saints russes, Russie, Ukraine, XIXe.
Dimensions : H. 45x37.5x2 cm
Une icône de ce genre a été publiée dans : coll. A history of Icon Paiting, Moscou, 2005, p.223, ill. 29
Conservation : Réstaurations.
Provenance : Collection suisse
Références
Saint Jean-Baptiste LOT 37, 41, 73, 76, 84
Dans les pays orthodoxes, saint Jean Baptiste est une figure très populaire et particulièrement vénérée. Dans le programme iconographique de l'église, il occupe une place privilégiée, faisant partie de la Déisis, la composition centrale de l'iconostase, où il se trouve à côté du Christ et de la Vierge.
La vie de Jean Baptiste nous est contée essentiellement par Luc (Lc, 1, 5-25, 1, 39-45, 1, 57-80). D'après lui, il fut le fils de Zacharie et d'Elizabeth. Zacharie était prêtre, Elizabeth la cousine de Marie. Le couple ne pouvait pas avoir d'enfants, mais un jour un ange apparut à Zacharie dans le temple et lui annonça qu'Elizabeth va concevoir et ils auront un fils qui sera rempli de l'Esprit saint et aura la puissance d'Elie. Jean mena une vie d'ascète, se cachant dans le désert, s'habillant de peaux d'animaux et se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage (Mtt, 3, 4). Après son séjour dans le désert, Jean s'installe sur les rives de Jourdain et commence à baptiser. D'après Flavius Josèphe, écrivain du Ier siècle, Jean-Baptiste prétendait laver par ce baptême les âmes de leur péchés (Flavius Josèphe, 1900). Ainsi Jean réunit autour de lui beaucoup de disciples en leur annonçant la venue du Christ : « Moi, je vous baptise avec de l'eau, pour vous amener à la repentance, mais vient celui plus fort que moi, et je ne suis pas digne de porter ses sandales. Lui vous baptisera dans l'Esprit saint et le feu » (Mtt, 3,11). Selon Matthieu Jésus vint vers lui pour qu'il soit baptisé aussi. Jean lui répondu : « C'est moi qui ai besoin d'être baptisé par toi », et lui répondit : « Laisse faire maintenant, car il est convenable que nous accomplissions ainsi tout ce qui est juste». Jean baptise donc Jésus et c'est au sortir de l'eau que ce dernier reçoit l'Esprit saint qui descend vers lui sous la forme d'une colombe, tandis que Dieu fait entendre depuis le ciel une déclaration en faveur de Jésus, « mon Fils bien-aimé, en qui j'ai mis toute mon affection. » (Mtt, 3, 13-17). C'est à la suite de cette rencontre que Jean le Baptiste demande à ses disciples de suivre le Christ.
Mais Jean-Baptiste ne pourra pas continuer long temps sa mission. La colère d'Hérode Antipas, tétrarque de Galilée et de Pérée, s'est abattu sur lui. En effet, comprenant que le tétrarque avait une relation avec Hérodiade, la femme de son demi-frère Hérode Boëtos, Jean le Baptiste lui adressa une forte critique. Malgré le fait qu'Hérode Antipas l'avait mis en prison à cause de ce conflit, il le protégeait sachant que Jean était un homme juste. Or, Hérode organisa une fête pour sa belle fille Salomé, la fille d'Hérodiade, dont le nom n'est pas mentionné dans les textes canoniques (R.E. Brown, 2011). La jeune femme dansa devant son beau-père. Celui-ci fut subjuguée par la beauté de sa danse et lui dit qu'il lui donnerait tout ce qu'elle demanderait. Salomé demanda la tête de Jean-Baptise. Hérode Antipas ne pouvait pas parjurer. Ce récit, plus romanesque que canonique, fut à l'origine d'une iconographie riche et parfois très narrative.
Les icônes le montre en tant qu'ange de désert aux ailes déployées (Mc, 1, 2-3) , habillée en peau d'animaux, tenant dans une main le calice avec le Christ enfant, victime expiatoire et dans l'autre un calice contenant sa tête. Un phylactère ou un rouleau qu'il tient aussi porte souvent l'inscription : « Voici l'agneau de Dieu qui enlève les péchés du monde, faite pénitence ». Il s'agit de la contraction de trois textes : Mtt, 3,2 et 10 ; Lc, 3 8-9 et Jn, 1, 29. La composition est couronnée par la représentation de Dieu le Père tenant le globe et bénissant de sa main droite. D'autres scènes de la vie de Jean comme l'Annonce faite à Zacharie par un ange, la Rencontre à la Porte dorée entre Elizabeth et Zacharie, La Visitation, la Naissance de saint Jean-Baptiste etc. peuvent compléter le contenu de l'image. Les premières représentations du Précurseur datent du VIe siècle où il apparaît dans le baptême du Christ. Les scènes de sa vie n'apparaissent qu'au IXe siècle tout de suite après la période iconoclaste, mais l'iconographie se développe et prend un grande importance après le XIe siècle (The Oxford, 1991). C'est à cette époque aussi qu'elle commence à être connue en Russie.
Les scènes qui ne rentrent pas dans le cycle de vie de saint Jean-Baptiste, comme celle de sa Décollation, sont apparues en Russie à la fin de l'époque médiévale. Il est difficile de donner une date précise, mais le sujet a été constaté sur une broderie de couverture d'autel de la fin du XVe siècle. Les rares icônes qui représentent la scène ne datent pas d'avant le XVIe siècle. La composition y est très laconique. Elle figure le saint dans le sombre espace d'une prison sur le fond de d'un paysage boisé où parmi les arbres apparaissent les constructions de quelques palais. Le calice contenant la tête du Précurseur est figuré près de lui dans le noir de sa cellule. Avec le temps, sur la base de cette composition très simple se développent des images bien plus narratives pour aboutir au XIXe siècle à des vraies « bandes dessinées ». (V.I Antonova, N.E.Mneva, 1963)
Littérature :
Flavius Josèphe, Antiquité judaïque, Livre, VIII, 5, 1, ed. Théodore Reinach, Paris,1900
R.E. Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, Paris, 2011, p. 177, note 23
The Oxford Dictionary of Byzantium, New York, Oxford, 1991, vol.II, p. 1068-1069
V.I.Antonova, N.E. Mneva, Katalog drevnerusskoj zivopisi, Moscou, 1963, p.145