Description
Icône: Vierge des Blachernes, revêtement en argent, poinçonné, Moscou, 1884.
Dimensions : H. 26.7x22.3x2.5 (sans cadre, avec revêtement)
Un diptyque très proche de cette icône par son style a été publié dans McDougals, Icôns of the orthodox world, London, 7 juin 2010, N° 107.
Conservation : Très bonne
Provenance : Collection suisse
Références
Vierge des Blachernes LOT 53, 56
Selon de nombreux scientifiques, la fête de la Vierge des Blachernes est instaurée en Russie en 1160, à l'époque du grand prince de Vladimir, Andrée(???) Bogoljubov. Elle commémorait l'apparition de la Vierge dans l'église des Blachernes à Constantinople, le sanctuaire, le plus important de la ville après celui d' Hodigon (cf. Vierge Hodigitria). On trouve la description de cette apparition dans la Vie d'André Fol en Christ, composée au Xe siècle. Saint André et son disciple Epiphane sont témoins de l'accomplissement de ce miracle. Ils sont dans l'église quand la Vierge apparaît sur un nuage, entourée de saints tous de blanc vêtus. Elle enlève son maphorion et couvre de l'habit tous les fidèles (L. Ryden, 1995).
D'après une autre légende ce miracle devint un « miracle habituel » qui se produisait toutes les nuits du vendredi au samedi lors de l'office du soir à l'église de Blachernes. Cette deuxième légende trouve probablement son origine dans une confusion entre la vision de saint André le Fol et des récits qui apparaissent à Byzance au milieu du XIe siècle. Ils concernaient un autre miracle se produisant habituellement lors d'une procession dans la nuit du vendredi au samedi pendant laquelle une icône de la Vierge qui se trouvait dans l'église des Blachernes, soulevait le voile qui la couvrait pour se montrer aux yeux des fidèles (B. Pencheva, 2006).
A partir de la deuxième moitié du XIIIe siècle plusieurs textes russes reflètent la vie de saint André le Fol en confondant les deux légendes, mais en rassurant qu'en tout cas le « miracle habituel de la Vierge des Blachernes» a pu être observé par de nombreux pèlerins venus à Constantinople (L. V. Nersessian, 2008).
Bien que les premiers récits soient byzantins, l'art byzantin ne les reflète pas. En revanche, ils trouvent un fort écho en Russie où se développe une riche iconographie.
La représentation la plus ancienne de la Vierge de Blachernes date du XIIe siècle et se trouve sur les portes du monastère de la Nativité à Souzdal. L'icône la plus ancienne remonte au XIVe et provient du monastère consacré à la Vierge de Blachernes de Souzdal. La Vierge y est représentée au centre de la composition tenant l'omophorion de ses deux mains. Au dessous d'elle, l'hymnographe du VIe siècle, Romain le Mélode, est en train de chanter l'hymne à la gloire de la Vierge qu'il a composé. Parmi les saints et ecclésiastiques présents, on distingue saint Jean-Baptiste, saint Jean Evangéliste et d'autres qui, d'après la vie d'André le Fol, sont apparus à Blachernes accompagnant la Vierge. Représenté toujours à droite, saint André le Fol montre la Vierge à son disciple Epiphane. Ce type iconographique appelé souzdalo-moscovite diffère d'une autre formule iconographique très répandue, en Russie également. La Vierge y est représentée de profil, elle se tourne vers la gauche où apparaît la main de Dieu émergeant d'un pan de ciel. Le voile ici est associé à un rideau qui fait partie de l'église. Comme pour toute iconographie très populaire, beaucoup d'icônes comportent des éléments des deux types (L. V. Nersessian, 2008).
Littérature :
Lennart Ryden, édit. The life of Saint Andrew the Fool, Text, Translation and Notes, Appendices, t.II, Uppsala, 1995, p. 255
Bissera Pencheva, Icons and Power. The Mother of God in Byzantium, Pennsylvania, 2006, p. 145 ss.
L. V. Nersessian, Pokrov Bogomateri, in Ikony Vladimira Suzdalja, Moscou, 2008, p. 110 ss., n° 13